Entre le Mois Sans Tabac 2024 et les récentes propositions de taxation des produits du vapotage au Budget 2025, la huitième édition du Baromètre sur la vape “Regard des Français sur les enjeux liés au vapotage”, commandé par France Vapotage à Tolena et Harris Interactive, arrive à point nommé. Ce que veulent véritablement les Français ? Décryptage.
Contexte et méthodologie d’enquête
Packaging neutre, restrictions des arômes, taxe sur tous les produits du vapotage, nicotinés ou non…
À l’heure où de nombreuses restrictions menacent la vape en France, figurant en tête du nouveau programme de lutte contre le tabac du gouvernement, la fédération France Vapotage a publié la 8ème édition de son fameux Baromètre “Regard des Français sur les enjeux liés au vapotage”, mené par Toluna et Harris Interactive [1].
L’objectif : rapporter les perceptions et opinions des Français sur le vapotage, qu’il s’agisse de la pratique en général, de son rapport avec le tabac ou encore de l’action des pouvoirs publics à son égard.
L’enquête a été réalisée en ligne du 21 au 25 octobre 2024 auprès de 3 201 personnes majeures, constituant un échantillon représentatif de la population adulte française.
Au regard des données recueillies, particulièrement en ce qui concerne la taxation des produits du vapotage et leurs besoins d’encadrement, la fédération France Vapotage réaffirme ainsi sa position, dans un communiqué de presse daté du 19 novembre dernier :
« La fédération s’oppose à la création d’accises sur les produits du vapotage et demande aux parlementaires de s’opposer à toute volonté de surfiscalisation ; Et demande la création d’un cadre réglementaire exigeant, dédié et adapté au vapotage pour protéger les consommateurs en garantissant le strict contrôle de tous les produits (qu’ils contiennent ou non de la nicotine), faire respecter l’interdiction de vente aux mineurs et encourager les fumeurs à sortir du tabagisme grâce à la vape »
– Communiqué de presse France Vapotage, 19 novembre 2024 [2]
Baromètre France Vapotage 2024 : les principaux résultats
1. Faute d’information, le vapotage toujours mal jugé et mal vu
Comme souvent dans ce type de sondage, l’une des premières questions du Baromètre a porté sur la dangerosité des produits du vapotage, en comparaison ici à d’autres produits ou pratiques addictives (drogues dures, tabagisme, alcool, jeux et paris en ligne, cannabis, produits nicotinés alternatifs et substituts nicotiniques…) : “sur une échelle de 1 à 10, comment noteriez-vous la dangerosité de la consommation régulière de chacun des produits suivants”.
Si le vapotage est arrivé loin derrière la cigarette de tabac, classée elle parmi les 3 produits les plus dangereux après la cocaïne et l’ecstasy, il a tout de même été jugé à 65 % dangereux. Bien moins que les sachets et billes de nicotine, considérés 76 % dangereux, et à peine plus que les patchs et gommes de nicotine vendus en pharmacie (à 49 % dangereux selon les interrogés).
Détail intéressant : le rapport note des différences significatives entre les réponses des fumeurs et/ou vapoteurs, et des non-fumeurs et non-vapoteurs.
Globalement, ces derniers ont eu tendance à prêter plus de dangerosité à chacun des produits nicotinés que les fumeurs et/ou vapoteurs.
Ainsi, pour 41 % des non-fumeurs et non-vapoteurs, le vapotage est une pratique très dangereuse (notes 9-10) – contre 23 % chez les fumeurs exclusifs, 11 % chez les vapoteurs exclusifs et 15 % chez les vapofumeurs.
Même observation du côté des sachets et billes de nicotine. Mais également (et plus étrangement) du côté des substituts nicotiniques vendus en pharmacie : 27 % des non-fumeurs et non-vapoteurs les jugent très dangereux, soit plus de deux fois plus que les fumeurs (11 %), les vapoteurs (11 %), et les vapofumeurs (12 %).
Triste constat donc : la désinformation autour des produits nicotinés sans fumée reste très présente, plus encore au sein du grand public.
Résultat : malgré leur grande démocratisation chez les fumeurs Français ces dernières années, les produits du vapotage bénéficient toujours d’une mauvaise image. À la question “Diriez-vous que vous avez dans l’ensemble une bonne ou mauvaise image des cigarettes électroniques (…)”, 62 % des interrogés ont répondu par la négative.
2. Le vapotage tout de même reconnu efficace et moins nocif que le tabagisme, mais…
Pour autant, certaines vérités semblent avoir fait du chemin dans l’esprit des Français. Très légèrement néanmoins.
Alors qu’ils étaient 33 % en 2023 à considérer la cigarette électronique moins dangereuse que le tabac, ils sont aujourd’hui 38 % à l’affirmer.
Interrogés sur leur perception de la vape en société, au regard de la fumée et de l’odeur, ils sont même près de la moitié désormais à confirmer que la cigarette électronique est un produit moins gênant que la cigarette (49 %).
En revanche, comme les deux Baromètres précédents, l’efficacité de la vape pour arrêter de fumer partage toujours autant l’opinion : à 50/50. Pour une très large majorité de vapoteurs et vapofumeurs (plus de 80 %), l’affirmation est indéniablement vraie. Pour les fumeurs exclusifs et ceux qui ne consomment ni cigarette ni produits du vapotage, le scepticisme est de rigueur.
Et, malheureusement, une dangereuse idée reçue provenant des médias et d’associations anti-vapotage semble une fois encore avoir eu raison de l’opinion publique. Alors que toutes les études scientifiques continuent de réfuter l’existence d’un quelconque effet passerelle de la vape vers le tabac, 68 % des interviewés estiment le risque bien réel, et important.
3. Des consommateurs convaincus, mais inquiets pour l’avenir
Chez les vapoteurs interrogés, la principale motivation à utiliser la cigarette électronique reste la même, année après année : éviter de reprendre la cigarette (à 61 %).
Chez les vapofumeurs, il s’agit plutôt de diminuer leur consommation de tabac fumé (à 53 %) ou d’arrêter complètement la cigarette (33 %). Au total, plus d’un fumeur/vapofumeur sur deux a déclaré envisager de passer prochainement au vapotage.
Néanmoins, d’après eux, plusieurs facteurs pourraient les pousser à renoncer ou à repartir vers la cigarette fumée. À commencer par une hausse du prix des produits du vapotage suite à la mise en place d’une taxe.
Comme le reprend la fédération France Vapotage en titre de son communiqué de presse du 19 novembre 2024 : « Avec cette mesure, plus de 6 vapoteurs sur 10 pourraient retomber dans le tabac ».
Des inquiétudes d’autant plus présentes chez les vapofumeurs, pour qui il est déjà difficile d’en finir définitivement avec le tabagisme.
Sans parler des fumeurs actuels qui pourraient envisager de passer au vapotage : d’après les réponses des participants (fumeurs exclusifs), 71 % renonceraient si les prix des produits du vapotage venaient à augmenter du fait d’une taxation.
En outre, les interviewés dans leur ensemble sont une majorité à partager 3 autres inquiétudes :
- Pour 68 % : que se développe un marché illégal des produits du vapotage ;
- Pour 58 % : que des fumeurs adultes en quête de solutions pour arrêter de fumer se détournent du vapotage ;
- Pour 53 % : que des entreprises du secteur du vapotage suppriment des emplois français.
4. Les Français en demande d’informations et d’une régulation adaptée
Si les Français ont plutôt une mauvaise image de la cigarette électronique, comme nous l’avons vu précédemment, ils restent néanmoins en demande de plus d’informations à son sujet.
Pour plus de 8 Français sur 10, c’est le devoir des pouvoirs publics de diffuser davantage d’informations sur toutes les connaissances scientifiques actuelles portant sur la vape, mais également de renforcer l’information et la prévention sur le bon usage de la cigarette électronique.
80 % des interrogés requièrent aussi de la part du gouvernement un renforcement du contrôle et des sanctions visant la vente des produits du vapotage aux mineurs.
Enfin, 66 % sont d’avis d’appliquer une réglementation différente pour les produits liés au tabac et les produits liés au vapotage. Par ailleurs, 63 % souhaiteraient voir les pouvoirs publics encourager les fumeurs à passer à la cigarette électronique afin d’arrêter ou de diminuer leur usage de la cigarette.
Autrement dit, comme le rappelle la fédération France Vapotage, commanditaire du Baromètre auprès de Tolena et Harris Interactive : « Les Français ne demandent pas une nouvelle taxe, mais bien un cadre réglementaire exigeant et adapté ». Seul capable de protéger à la fois les nouvelles générations d’un produit contenant une substance addictive, les fumeurs et vapofumeurs des dangers du tabagisme et tout un chacun des dérives du marché noir.
Sources
[1] Regard des Français sur les enjeux liés au vapotage, Baromètre 2024, Tolena et Harris Interactive pour France Vapotage, Octobre 2024 en intégralité ci-dessous (version PDF téléchargeable).
[2] Communiqué de presse France Vapotage, 19 novembre 2024, Taxe sur la vape ou comment fragiliser la lutte contre le tabagisme en intégralité ci-dessous (version PDF téléchargeable).